jeudi 3 mai 2018

Hierarchie des violences

"Il y a trois sortes de violence.

La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue."

Dom Hélder Câmara

Avec c'est quelques phrases Câmara nous laissait là un héritage de taille qu'il nous appartient de bien comprendre car il aussi vrai aujourd'hui que quand il a été prononcé.
Le pouvoir utilise souvent la technique suivante lors de grandes manifestations, il désigne quelques "casseurs" qui vont péter des vitrines, incendier des banques pour faire oublier le sens de la manifestation, les casseurs servent alors de paravent à un mouvement contestataire bien plus profond et masquent de fait toutes revendications.


Deux cas


1) Les "casseurs" sont des révoltés 


Anar, Coco, Écolo, Socialo qui en veulent au système pour X raison et ne lésinent pas sur les moyens pour se faire entendre. Ces derniers répondent à la première violence sus-citée par Câmara et comme il le dit si bien il ne s'agit pas là d'occulter la violence institutionnelle pour les fustiger. Il en va des casseurs comme du terrorisme, si il y a des terroristes c'est qu'il y a colonialisme et/ou intrusion. On a rien sans rien et le mal appelle le mal. S'en prendre seulement aux résultantes c'est oublier les causes. De nos jours les médias jouent ce rôle là ils constatent le terrorisme, la casse (qu'ils amalgame souvent à des fins de propagande), sans jamais chercher la racine du mal, ils sont le cerveau émotionnel du peuple mais ne pousse jamais la réflexion, quand vient le temps de la réflexion ils passent à un autre sujet.

2) Les "casseurs" sont envoyés par l’État


La casse est commanditée par l’État ou par l'autorité pour justifier la violence qui s'en suivra et retourner l'opinion publique. L'exemple le plus probant est le massacre du Haymarket square de Chicago le 4 mai 1886. Cet évènement commença par une grande manifestation pour la journée de 8 heures de travail qui occasionna une grève générale. Seulement il y eu un mort et des blessés à cause d'une charge de 200 policiers. Dès lors il y a de nouveau un rassemblement contre la violence policière, tard le soir à la fin du rassemblement une bombe explosa et il y eu plusieurs morts dont des policiers, plusieurs militant anarchistes furent pendus et d'autres emprisonnés...
Mais car il y a un mais le gouverneur de l'Illinois avoua finalement que c'était le chef de la police de Chicago qui avait tout organisé et même commandité l'attentat pour justifier la répression qui allait suivre.
Cas isolé ? Non malheureusement, il y a d'autres exemples tristement célèbre...

- L'affaire Sacco et Vanzetti

- L'affaire Pinelli

Récurrence macabre pour les anarchistes, il ne s'agit pas là de combat juridique ou humain mais bien idéologique.

Mais un des évènements le plus célèbre donnant lieu à une répression massive et sanglante est l'incendie du Reichstag (parlement Allemand) donnant lieu au Reichstagsbrandverordnung ce décret qui permit aux nazis d'assouvir leur pouvoir.

"L’article 1 suspens la plupart des libertés civiles garanties par la république de Weimar, liberté des personnes, liberté d'expression, liberté de la presse, droit à l'association et aux réunions publiques, confidentialités des postes et téléphones, protection du domicile et des propriétés."
Wikipédia

Il pose les bases d'un pouvoir absolu et d'une dictature sans faille la nuit des longs couteaux viendra parachever le tableau en assassinant toute opposition.
Cet incendie du parlement Allemand pour lequel ils avaient accusé les communistes était orchestré par l'autorité Nazis. Naomi Klein explique très bien cela quand elle parle de stratégie du choc, ce procédé a été largement réutilisé depuis.


"Mais tu sais je suis pauvre, et mes rêves sont mes seuls biens

Sous tes pas, j'ai déroulé mes rêves

Marche doucement ; parce que tu marches sur mes rêves."
 William Butler Yeats

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